Les étrangers qui ont appris le français ont du mérite ! La langue française est un casse-tête… chinois. Pourquoi le français est-il perçu comme une langue complexe à apprendre par les étrangers?
73% des Français eux-mêmes estiment qu’elle est une langue difficile! Exigeante, pas toujours logique, … Voici une liste non exhaustive des raisons qui expliquent les difficultés de l’apprentissage du français comme langue étrangère.
A lire sans se décourager !
-
- Le français est une langue aux origines et influences multiples
- Le français s’accorde en genre et en nombre …
- Tu, Vous, On : mais qui parle à qui ?
- Ecrire et prononcer : le piège de la phonétique
- La pratique délicate de la conjugaison
- Les nombres après 60 : une curiosité linguistique
- Une langue bien vivante qui évolue !
1. Le français : une langue aux origines et influences multiples
Ils sont fous ces Gaulois de parler une langue aussi alambiquée ! Mais cette complexité cache surtout une grande richesse, issue de plusieurs racines linguistiques.
Le français a pour origine la langue romane, issue du latin. Au gré de l’histoire, elle a été modifiée et étoffée par le gaulois (langue celtique), puis a subi l’influence germanique des Francs.
Enfin les nombreuses variations régionales et locales, les langues d’oc et les langues d’oïl, ont généré une langue complexe mais riche par sa diversité.
Et cela se poursuit aujourd’hui avec es expressions propres à chaque régions et les accents qui s’y superposent pour rendre la tâche encore plus difficile aux étrangers qui tentent de nous comprendre.
Victor Hugo, à ce propos, parlait ainsi des héritages de la langue française :
« La langue française, dès cette époque, commençait à être choisie par les peuples comme intermédiaire entre l’excès de consonnes du nord et l’excès de voyelles du midi. »…
(L’homme qui rit, 1869, Victor Hugo)
2. Le français s’accorde en genre et en nombre
Connaître le genre d’un mot français n’est pas chose facile… Et une fois que l’on sait s’il s’agit d’un nom féminin ou masculin, reste encore à conjuguer la phrase en y ajoutant la marque du singulier ou du pluriel … Tant de combinaisons et de conjugaisons à maîtriser!
Les Anglais sont libérés de cette problématique au quotidien puisqu’il n’y a pas de distinction de genre dans leur langue. D’un autre côté, le français n’a rien à envier à l’italien, qui jongle avec quatre voyelles de terminaison en fonction du genre et du nombre, tandis que le russe ou l’allemand distinguent trois genres ! Alors… un ou une orthographe ? Un ou une après-midi? …. Mieux vaut le prendre comme un jeu.
3. Tu, Vous, On : mais qui parle à qui ?
Voilà une question qui taraude bien des étrangers en apprentissage du français… Dans une discussion, il faut être réactif et décider spontanément : quel sera le pronom correct? Tu ou Vous? La vie d’un anglais est bien plus simple, pas de considérations de ce genre puisqu’il n’y a pas de distinction : le You est universel.
En français, il faudra s’interroger sur l’âge, le niveau hiérarchique, la relation que l’on a avec son interlocuteur avant d’oser le tu ! Même si le tutoiement a tendance à se démocratiser, l’alternance avec le vouvoiement reste très usitée dans la langue de Molière. Sans parler du “On”, pronom utilisé généreusement par les Français, et qui peut remplacer tous les autres pronoms en fonction du contexte. Le français est une langue “sociale”, qui explicite les différentes relations humaines !
4. Ecrire et prononcer : le piège de la phonétique
La langue de Voltaire est une langue étrangère truffée de petits pièges et réserve des surprises à qui se fiera à la phonétique. Le français ne s’écrit pas forcément comme on le prononce. Entre les H aspirés, les terminaisons muettes, les S qui s’ajoutent là où ne les attend pas (on dit bien UNE souriS non?! ) ou les irrégularités qui ne demandent qu’à être sues par cœur… L’apprenant FLE doit faire preuve de patience et de courage ! Sa mémoire est mise à rude épreuve alors que les Français eux-mêmes tombent dans bien des pièges de la prononciation. Qui ne fait jamais l’erreur d’écrire le mot accueil “acc.e.u.il”, alors qu’il se prononce comme “s.e.u.il”? Bref, gare aux embûches, le français est une langue qui suit certains codes, mais aime s’en affranchir parfois…
5. La pratique délicate de la conjugaison
Alors que l’anglais est déjà bien connu pour ses ”irregular verbs” que l’on répète à souhait pour les apprendre par coeur, le français se surpasse en matière de conjugaison, en bonne langue latine qui se respecte. Le mode, le temps et la personne, puis la quantité d’irrégularités font que l’on peut mesurer la difficulté du français à la complexité de sa conjugaison. Un casse-tête d’apprentissage qui nécessite un véritable training sur la durée ! Des logiciels et sites web proposent même des jeux en ligne de questions réponses directes pour mémoriser les verbes ! VAL vous met au défi de conjuguer le verbe COUDRE au subjonctif imparfait… Un vrai challenge cette conjugaison française !
6. Les nombres après 60 : une curiosité linguistique
Le francophone ne s’en rend même plus compte : la nomenclature française de 60 à 100 défie toute logique et fait faire des nœuds aux cerveaux des apprenants. Soixante-dix…. Quatre-vingt dix,…. Ce système de comptage, qui peut faire rire jaune les étrangers, est issu du système vicésimal, qui a pour base le nombre vingt. Il complète le système décimal qui s’applique de 20 à 60. Cette nomenclature de base 20 remonte aux origines des peuples qui avaient pour habitude de compter sur leurs dix doigts et leurs dix orteils. Alors on ne dit pas “deux-vingts” mais “quarante”. On ne dit pas non plus “nonante” mais quatre-vingt dix… Le français fait faire des noeuds au cerveau de ses apprenants… Sinon ce serait trop facile.
7. Une langue vivante qui évolue
La langue française évolue parce qu’elle appartient aux langues vivantes, et est pratiquée par 300 millions de locuteurs. Ses changements se manifestent par de nouveaux mots, qui entrent dans le dictionnaire ou simplement dans le langage courant. Les anciennes générations ont même des difficultés à comprendre les plus jeunes… Nombreux anglicismes, influences étrangères ou régionales, vocabulaire technique lié aux nouvelles technologies rendent certaines personnes perplexes !
Le français s’enrichit chaque année de nouveaux termes qui sont adoptés par les francophones tandis que d’autres disparaissent, par obsolescence et désuétude.
Par exemple, Blob, influenceur, hygge, féminicide,… font leur entrée au dictionnaire 2021. Le français constitue donc une langue étrangère complexe dans la mesure où elle vit et évolue avec son temps. Elle est ouverte au monde et s’adapte au contexte international, c’est ce qui fait aussi sa richesse et son dynamisme.
Le français suit des règles de grammaire et de conjugaison auxquelles elle déroge parfois…. La langue de Molière déjoue les codes du Bescherelle, et rend son apprentissage plus difficile pour un étranger, d’autant plus si sa langue maternelle n’est ni latine ni germanique. Tout dépend du point de vue… A bien y regarder, le français n’est pas aussi complexe que le mandarin par exemple, qui nécessite d’apprendre un nouvel alphabet fait de sinogrammes qui ne laissent transparaître aucune phonétique.
L’auteur et cinéaste Eugène Green, français, résume d’une belle façon la complexité de la langue française et lui donne toute sa grandeur :
“Le français impose un recul, une réflexion intellectuelle pour trouver la bonne orthographe, pour conjuguer, même pour quelqu’un dont c’est la langue maternelle. Si bien que la langue française met un auteur d’origine étrangère sur un pied d’égalité ».